[Note du Pôle Métropolitain de l’Artois : cet article a été produit par le média Territoires Audacieux qui accompagne le Club des élus de l’écotransition tout au long de l’année 2024]
Au cœur du stade Bollaert, à Lens, quelque 350 personnes issues des différents territoires du Nord de la France se sont réunies, vendredi 14 juin. Constats des uns, ambitions des autres : la matinée d’échanges a permis de cimenter des perspectives de coopérations entre le Grand Lille et le Pôle Métropolitain de l’Artois.
“Cela fait 17 ans que je suis élue et je n’avais encore jamais vu un tel consensus”. Corinne Taté est pleine d’espoirs au sortir du Grand Forum du vendredi 14 juin, à Lens. Et pour cause, l’adjointe au développement durable et économique à Harnes sent que “les décideurs sont vraiment sincères” dans leurs velléités de coopération et leur envie de faire sauter les verrous des frontières administratives et des diverses obédiences politiques.
Ce Grand Forum axé sur les coopérations montre que les rivalités historiques entre les territoires laissent place à la volonté de faire ensemble. “Il y a l’émergence d’un raisonnement Hauts-de-France dans sa globalité”, se réjouit Olivier Baey. Face au grand défi du travail en collectif, l’élu à la transition de la communauté d’agglomération d’Hénin-Carvin est convaincu qu’il faut “s’appuyer sur les compétences technologiques des industries locales”. Nul doute que la structure Euratechnologies de Lille, classée 1er incubateur de start-ups en France par le Financial Times, aura un rôle clé à jouer dans les avancées innovantes du territoire.
Très vite, le débat s’oriente sur les enjeux de coopération autour des mobilités en Hauts-de-France. En présence des forces de décision des différents niveaux de collectivité, le ton est donné par Hélène Moeneclaey, vice-présidente de la Métropole européenne de Lille : “Montrons qu’on est là pour travailler ensemble. Car nos habitants n’ont que faire des frontières administratives et attendent du concret.”
La problématique des mobilités est prégnante sur le territoire des Hauts-de-France. Que ce soit par les bouchons automobiles, par les problèmes de parking ou par la suppression fréquente des TER, la région souffre de ces dysfonctionnements. L’enjeu est donc à l’amélioration du système régional de transports, mais aussi à la décarbonation des différents flux. En effet, des trajets domicile-travail à ceux de loisirs (Lille vers Louvre-Lens, Bassin minier vers Zénith de Lille, etc.), les habitudes de déplacement restent très individuelles. Selon Hélène Moeneclaey, 95% des parcours supérieurs à 5 km sont effectués en voiture sur le territoire de la Métropole européenne de Lille, dont elle est vice-présidente.
Parmi les principaux leviers de décarbonation, on retrouve le projet de Système Express Régional Métropolitain (SERM). Lancé en 2015 et repris en 2022 par Emmanuel Macron, il représente un défi charnière pour l’histoire des coopérations inter-territoriales. “Si on veut vraiment faciliter la vie des habitants, il faut arriver à la réalisation du RER métropolitain, explique Thérèse Chiarello, élue à la transition écologique à Liévin. Cela fait des années que les contraintes liées aux mobilités empoisonnent le quotidien de nos citoyens.”
Si la Région se concentre davantage sur le développement économique du territoire, le Pôle Métropolitain de l’Artois cible lui l’amélioration des mobilités en y intégrant la transition écologique. “C’est un bon début mais il y a un besoin de sincérité de la part des élus”, prévient Julien Wojcieszak. L’adjoint au maire de Vimy estime que le projet de refonte du système de transports en commun nécessite que “la Région, le Département, les pays et les communes prennent tous leur part de responsabilité”.
D’un projet phare découlent plusieurs initiatives concomitantes. En marge du RER des Hauts-de-France, c’est l’ensemble des habitudes de déplacements des citoyens qui sont repensées. Le tracé d’un schéma cyclable, notamment avec une piste reliant Liévin à Hénin-Beaumont, l’implantation de nombreuses bornes de recharge pour véhicules électriques ou les débats sur la gratuité des transports en commun : autant de mesures qui entrent dans ce grand plan de mobilités actives sur l’axe Lille-Artois.
Plus qu’un projet de réseau ferré, le SERM constitue un défi de transformation profonde pour bon nombre d’élus du club de l’écotransition. De nouveaux lieux de vie pourraient émerger autour des nouvelles gares de ce RER métropolitain du nord. Gare, cependant, à “ne pas tomber dans la gentrification des alentours des stations ferroviaires”, alerte Thérèse Chiarello, pour qui “la mixité des habitats est primordiale”.
Alain Bavay, président du Pôle métropolitain de l’Artois, salue “un moment fédérateur et fondateur”. Le cap est mis sur l’avenir, avec des réalisations palpables. Pour et avec les habitants : “Une journée comme celle-ci montre que les territoires de l’Artois, du Lillois et de l’Arrageois sont prêts. Il est essentiel que le projet du SERM se concrétise et nous attendons maintenant que l’État ait la certitude d’y aller.”
Valentin Nonorgue, Territoires Audacieux