Club des élus de l’écotransition : un atelier pour intégrer la sobriété énergétique au fonctionnement de sa commune

[Note du Pôle Métropolitain de l’Artois : cet article a été produit par le média Territoires Audacieux qui couvre les activités du Club des élus de l’écotransition en 2024]

Dans le grand chantier de l’énergie durable, un point est clair : les collectivités locales ont besoin d’être entourées. Données de consommation, prise de conscience de la nécessité d’agir sobrement, moyens et actions à déployer ou encore simple sensibilisation des citoyens : la marche est haute. Focus sur des initiatives portées par des acteurs adjuvants des territoires de l’Artois… et au-delà. 

Un récit capté lors de l’atelier dédié à la sobriété énergétique, organisé par le Club des élus de l’écotransition du Pôle Métropolitain de l’Artois, le 15 octobre 2024 à la Maison syndicale des mineurs de Lens.

 

Même quand on est convaincu, le combat pour préserver le climat reste un long chemin”. La fermeté d’Alain Bavay, président du Pôle Métropolitain de l’Artois, intervient en des temps d’incertitudes budgétaires. Le constat de la rareté des financements liés aux transitions pose question. Quel circuit les subventions publiques vont-elles nourrir : celui de la végétalisation et de l’énergie renouvelable ? Ou celui de l’attractivité économique pour les cadres et travailleurs ?

Quelle que soit l’orientation politique des élus en Artois, il leur est nécessaire de s’outiller pour négocier le virage de la transition énergétique. Or, les défis contemporains poussent sérieusement à faire face à “la dépendance du sentier afin de sortir des habitudes en matière de gestion de l’énergie”, alerte Stéphanie Stiernon, adjointe à l’urbanisme de la mairie de Douai.

Dans un souci de modernité des pratiques, les collectivités ont accès au programme ACTEE CUBE (Concours Usage Bâtiment Efficace). Sur deux années, ce concours porté par le Cerema vise à observer leur consommation. Il bascule ensuite vers des démarches favorisant l’économie d’énergie dans les écoles, les mairies et autres bâtiments communaux.

Un appui est apporté pour identifier les usages et les réglages vertueux des politiques énergétiques. La deuxième année mène vers la mise en place des mesures préconisées, grâce à l’aide d’ACTEE. Il s’agit ensuite d’en repérer les changements notables, notamment avec l’IFPEB, qui calcule les économies d’énergie déjà réalisées.

 

De l’efficacité énergétique à la sobriété systémique

Se pose ainsi la question du “Comment économiser de l’énergie sans impacter négativement le confort des bâtiments ?”. Trois axes se déploient. D’abord, le diagnostic des collectivités est assuré par le suivi de la consommation énergétique, matérialisé par un kit technique d’outils fourni par CUBE, tels qu’une caméra thermique pour repérer les trous dans l’isolation des structures communales.

D’autres structures ont développé des moyens d’évaluer la gestion de la ressource en énergie au sein des territoires. En juillet 2022, Enedis a lancé un portail dédié aux collectivités locales de toutes tailles. Plusieurs données précieuses y sont consultables, à commencer par la consommation totale d’énergie pour une commune. “Pour viser la sobriété énergétique, il faut déjà prendre conscience de toute l’énergie qui est consommée de manière passive”, martèle Laurent Grave, manager territorial d’Enedis Pas-de-Calais.

Ce type de données permet ensuite de cibler les investissements et les pratiques à faire évoluer pour tendre vers une consommation modérée. Le rapport entre l’énergie produite et l’énergie qu’un territoire est capable d’accueillir peut par exemple faire émerger le besoin de travaux de renforcement du réseau.

 

Formation et pédagogie de mise pour les agents et le grand public

Le dispositif CUBE s’affaire ensuite à la formation des agents communaux aux sujets de la sobriété énergétique. Des jeux ou guides permettent au personnel d’engranger des techniques de pédagogie et de communication pour faire essaimer auprès de la population locale.

Enfin, le dispositif CUBE mise sur l’impact que peuvent avoir les enfants sur leurs parents et sur les pratiques employées au sein du foyer familial. Ces temps de sensibilisation sont concrétisés par des ateliers ludiques et des graphiques apprenants.

Le jeu est une méthode populaire pour ancrer des réflexes de pensée et inciter à ajuster les pratiques quotidiennes. L’association Virage Énergie, basée à Lille, décline cette approche sur les territoires de l’Artois. D’un jeu de cartes qui anticipe l’état d’un monde sans énergie fossile à un manifeste dédié à la problématique de l’alimentation, les sujets sont divers.

Pour le grand public et les agents des collectivités, l’accent est mis sur le partage de petites actions du quotidien favorables à la sobriété énergétique. “Nous observons que la sobriété énergétique est souvent mal comprise par les personnes à qui s’adressent nos ateliers. Il est donc nécessaire de redoubler de pédagogie”, témoigne Alexandre Limanton, chargé de mission énergie-climat chez Virage Énergie.

 

Du jeu à l’activation de politiques publiques sobres en énergie

Dans ce cadre ludique proposé par Virage Énergie, les élus des collectivités accèdent à la découverte de leviers liés à la sobriété, en partie par l’activation de politiques publiques plus durables. Au-delà de l’aspect pédagogique en guise d’introduction au sujet, les territoires peuvent mobiliser un accompagnement dans la constitution d’une liste d’actions clés à mener via un planning précis.

En témoigne l’aide de Virage Énergie à l’élaboration de différents schémas de gestion. Parmi ceux-ci, nous retrouvons le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT), le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (Sraddet) ou encore le Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET).

Pour mener ces actions de sensibilisation et d’animation, la structure Virage Énergie s’appuie sur des structures d’ampleur nationale. Marine Sevilla, ingénieure territoriale des Hauts-de-France à l’ADEME (qui finance Virage Énergie à hauteur de 40%), les ateliers comme ceux du Club des élus de l’écotransition sont précieux. “Le but est que les élus identifient plus clairement nos accompagnements, que ce soit en termes d’ingénierie ou d’aide au financement.

Malgré la dissolution attendue du Pôle Métropolitain de l’Artois dans les prochains mois, les bonnes idées et les temps d’échange entre élus restent intacts. Adjoint à la mairie de Vimy, Julien Wojcieszak conclut : “Au sein de nos territoires respectifs, nous sommes souvent un seul élu chargé des questions de transition. L’échelle du Pôle Métropolitain de l’Artois amène une dynamique collective, c’est un vrai catalyseur pour passer à l’action.

 

Valentin Nonorgue.